« Chaque soir, je lis des histoires à mes enfants avant qu’ils ne s’endorment, raconte Roman Polanski. Je souhaitais réaliser un film pour eux car ils s’intéressent à mon travail. Je sais ce qui les fait rêver, j’ai donc réfléchi à une histoire qui pourrait les séduire, les captiver. » Adapter Oliver Twist, le chef-d’œuvre de Charles Dickens, lui a été suggéré par son épouse. « Enfant, ses romans me fascinaient, poursuit le réalisateur. Oliver Twist est une longue histoire, riche en rebondissements car les écrivains de cette époque publiaient en feuilletons dans des revues. Et puis les bons livres ne vieillissent pas, leurs thèmes sont universels et parlent à tous. Le parcours d’un orphelin dans un pays en pleine mutation est toujours un thème d’actualité. Dans des villes telles que Bombay, Bangkok ou Mexico, rien n’a changé. C’est aussi ce contexte social qu’explore Oliver Twist. » C’est en effet un film noir et âpre que nous offre Roman Polanski en redonnant vie au célèbre héros de la littérature britannique. Dans le Londres conservateur des années 1830, le metteur en scène retrace les mésaventures de ce garçon de 10 ans, seul dans la vie et propulsé dans un monde cruel où seules comptent la ruse et la force. Après avoir été initié par une bande de jeunes voleurs à leur activité, Oliver Twist s’attire la bienveillance d’un aristocrate qui le recueille chez lui. Mais les truands tentent de le retrouver pour l’empêcher de divulguer leur trafic. Devant la caméra réaliste de Polanski, l’attendrissant Barney Clark interprète avec candeur le personnage du pauvre Oliver Twist face à Ben Kingsley, méconnaissable et impressionnant dans la peau du vieux Fagin, chef des voleurs et fin manipulateur